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Colère agricole : ne pas ajouter de la déception au désarroi

Le 12 mars à Dijon, les sept présidents des chambres d’agriculture de la Bourgogne-Franche-Comté ont souligné une forte présence de jeunes agriculteurs dans les manifestations.

La chambre régionale d’agriculture de la Bourgogne-Franche-Comté est revenue sur les manifestations de février 2024 pour en analyser les causes et les perspectives.

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Le 12 mars 2024 à Dijon, les sept présidents des chambres d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté ont dressé un constat unanime : « Partie de la base, la mobilisation a essaimé rapidement dans tous les territoires et toutes les productions. Au-delà de la question des normes et de la suradministration, c’est une profonde inquiétude sur leur avenir que les agriculteurs ont exprimé : en l’absence de trajectoire claire, ils ont le sentiment que la souveraineté alimentaire, pourtant proclamée à tout-va, va leur échapper. »

Une analyse partagée par Jérôme Fourquet, directeur du département de l'opinion et des stratégies de l’Ifop (Institut français d’opinion publique). « Cette mobilisation exceptionnelle traduit une crise existentielle, a analysé le politologue, invité au débat. Alors que la France comptait 1,2 million d’exploitations en 1980, elle n’en compte plus que 380 000. La moitié des agriculteurs partiront à la retraite d’ici à dix ans. C’est le plus grand plan social de l’histoire contemporaine ! »

Groupes de travail

Dans les départements de la Bourgogne-Franche-Comté, les groupes de travail se sont mis en place sous l’égide des préfets. Dans la Saône-et-Loire, dix ont été constitués sur la simplification de la Pac, la juste rémunération des producteurs, l’eau, les haies, l’installation des JA, la réduction des phytosanitaires et les contrôles sur les exploitations.

« Répondre à toutes les revendications sera difficile, reconnaissent les présidents de chambre d’agriculture. Mais rien ne serait pire que de décevoir les attentes faisant suite aux annonces gouvernementales. La colère est encore très présente. Localement, on note une vraie volonté des services de l’État pour trouver des solutions. Mais au plan national, c’est le sentiment d’une inertie énorme dans l’administration centrale qui domine. »

Lors de cet échange, Didier Guillaume, ancien ministre de l’Agriculture, s’est interrogé sur la capacité de produire en France avec des agriculteurs qui gagnent leur vie, « alors que l’Europe a fait le choix de la mondialisation en 1992 ».

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